Projets

Maison des Arts

Charbonnières les Bains / Rhône

La Maison des Arts est un nouvel équipement public réalisé à Charbonnières-les-Bains, une commune résidentielle de l’ouest lyonnais. Elle vient prendre place dans le vallon du ruisseau, le long de la ligne de chemin de fer. Le contexte est très paysager, avec seulement quelques constructions éparses entourées de jardins.

L’édifice s’installe en douceur dans le site. Il offre une belle générosité en prêtant attention à toutes ses faces. Il existe en effet comme un objet solitaire et s’adresse à son contexte vers toutes les orientations, y compris au titre de sa silhouette générale. 

Un ouvrage hybride

L’architecture du projet se caractérisée par un tandem constructif. Le socle, massif et minéral, suit et absorbe la pente. Le toit en métal ajouré se découpe dans le ciel comme une coiffe délicate et aérienne. Béton et métal jouent de contrastes entre opacité et transparence, effets lourd et léger, masses claires et surfaces sombres. Les matières restent brutes et sans faux semblants. Tout se voit, et laisse deviner une parfaite cohérence entre extérieur et intérieur, entre image architecturale et mode de fabrication.

Ce bâtiment appartient à une nouvelle génération de projets de l’agence Tectoniques. 

Dans la continuité du travail engagé, certains points comme la matérialité, le rapport au sol, l’épaisseur ou la construction évoluent vers d’autres dispositifs que ceux que les architectes développent habituellement, en particulier autour des solutions constructives « tout bois ».

Un site remarquable et sous contraintes

La Maison des Arts s’implante dans un quartier résidentiel de villas accompagnées de grands jardins, généreusement boisés. Pourtant la parcelle choisie comporte de fortes contraintes. Son emprise étroite est longée d’un côté par le Chemin de la Ferrière et de l’autre par la voie SNCF. Une ambiance inédite de rails, de mats, câbles, caténaires vient bousculer le paysage végétal qui accueille l’opération. L’autre difficulté majeure est un fort dénivelé à intégrer au projet.

L’isolement relatif du bâtiment est compensé par sa proximité avec les équipements majeurs de la commune : la mairie, la médiathèque, les écoles maternelles et primaires, le city stade ; situés de l’autre côté de la combe et facilement accessibles en toute sécurité. 

Le vallon du ruisseau, dans le creux de la voie de chemin de fer, offre une promenade paysagère desservie par un sentier qui rejoint le cinéma puis, un peu plus loin, la gare et la place centrale. Les architectes ont su composer avec un site original, dans lequel les servitudes côtoient des atouts considérables.

Un projet dans la pente

L’objectif premier est d’exploiter la pente très importante du terrain, en hébergeant une partie du programme dans l’épaisseur du dénivelé. Le programme se partage en deux : la Maison des Jeunes et la Maison des Arts. La première se compose de deux grandes salles dédiées aux associations qui fonctionnent indépendamment du reste du bâtiment. Elle se loge dans cet espace gagné dans l’excavation du site, avec sa propre entrée au nord, près du skatepark. La seconde conserve son accès au sud, en partie haute, face au parvis et au parking paysager. 

L’un sur l’autre


Le socle en béton se justifie, d’un point de vue constructif, pour absorber la topographie et isoler acoustiquement l’équipement du bruit de la voie ferrée. Il se décline dans deux langages différents. La partie basse est lisse. La partie supérieure est matricée avec une structure de planches horizontales, petit clin d’œil au matériau fétiche de l’agence Tectoniques. La matière du socle est un béton très fluide, coulé et matricé en place, qui utilise du ciment blanc teinté pour obtenir un aspect laiteux et légèrement ocré.

Cet ouvrage présente à la fois un aspect brut et délicat. Le matériau est brut de décoffrage mais la précision de mise en œuvre et la composition du mélange déplace son image finale vers une matérialité raffinée. Le béton est aussi valorisé dans son épaisseur et dans sa massivité. C’est, par exemple, les séries de carottages circulaires en façade, nécessaires lorsqu’il faut amener la lumière au cœur du projet, la belle inscription gravée dans la façade sud ou encore l’intrigante porte de secours en béton massif.

La Maison des Jeunes occupe la partie lisse et inférieure du socle. La partie supérieure héberge les espaces des associations culturelles : théâtre, danse, chant avec un accueil, des bureaux, des salles de répétition et de danse.

Au-dessus, la partie haute du programme est construite en bois. Elle est habillée d’un bardage métallique perforé et nervuré, laqué d’une teinte bronze. Cette peau striée de fines lignes verticales crée un effet de voilette qui agit en contrepoint des strates horizontales et de la massivité du béton. Elle est légèrement rehaussée pour gommer les détails de rives, de couvertines ou de descentes d’eaux pluviales placées en arrière-plan. 

Cet étage en bois est dédié aux écoles de musique des communes de Marcy-l’Etoile et de Charbonnières-les-Bains. Les salles en quinconces de différentes tailles forment des redans qui se plient et se déplient pour former un étrange et singulier instrument, posé sur sa base, calme et bienveillante.

Une relation claire entre les différents ouvrages

Les interfaces entre l’ouvrage en béton et les autres composantes du projet sont simplifiées et clarifiées au maximum. Cette posture constructive est une des marques de l’agence Tectoniques. Elle développe en effet une stratégie de clarification des interfaces entres ouvrages et particulièrement entre les ouvrages maçonnés et les ouvrages assemblés. 

Les premiers travaillent avec des tolérances mesurées en centimètres tandis que les seconds sont dimensionnés aux précisions de la découpe numérique. Les premiers se transforment et se réemploient de manière lourde avec un retour en début de cycle (agrégats et vrac ferrailles) tandis que les seconds se démontent et se recyclent éventuellement tel quel (les morceaux de bois sont déjà aujourd’hui les composants « stars » du réemploi). Un certain nombre de points critiques sont repérés dans la fabrication du projet et sont traités dans le sens d’une clarification relationnelle. 

Une ambiance calme et des matériaux nobles

L’entrée du bâtiment est marquée par un grand débord qui protège la façade sud des apports solaires. Le parvis et les espaces publics sont réalisés en béton désactivé, en cohérence avec la minéralité du socle de projet. Un peu plus en amont, un parking de 30 places s’intègre dans la pente dans un esprit végétal avec des aires de stationnements en pavés enherbés.

À l’intérieur, les matériaux sont peu nombreux mais de belle qualité : 

  • Béton matricé des murs intérieurs, identique à celui utilisé en façade,
  • Parquet sur chants en chêne massif qui apporte des variations de couleurs subtiles et dynamiques,
  • Menuiseries en chêne ou hêtre massif,
  • Chassis de façades en aluminium anodisé bronze,
  • Revêtement mural en panneaux stratifiés compacts sur le noyau central 
  • Plafonds en plaques de plâtre perforées

L’ambiance est douce, sobre, baignée de lumière naturelle. L’espace d’entrée, en double hauteur, donne une certaine ampleur à cet espace de partages et d’échanges, propice à de petites manifestations culturelles. Sa forme d’entonnoir accompagne ensuite les visiteurs vers le cœur du projet.

La grande salle de danse comme une boite à lumières

La grande salle de danse occupe la poupe de l’édifice. Occupant toute la face nord, c’est elle que l’on découvre en premier en arrivant du centre de la commune, théâtrale depuis l’extérieur, majestueuse de l’intérieur. À l’intérieur, le kaléidoscope des miroirs démultiplient les reflets et absorbent les limites physiques de l’espace qui semble flottant et aérien. 

Le plancher de danse est recouvert d’un sol collé en remplacement du traditionnel parquet, considéré maintenant comme trop dur pour les danseurs. La façade, entièrement vitrée, offre un éclairage naturel parfaitement tempéré, plein nord. Il est complété par une ouverture en partie haute, elle aussi plein nord, pour ne pas gêner les danseurs. Des stores permettent de moduler à loisirs les besoins plus ou moins importants d’intimité. 

Les salles de musique en origami

À l’étage, onze petites salles de musique accueillent des cours individuels ou en groupes. Leur dessin en forme de redans répond aux exigences acoustiques de la musique. Ils renvoient des ombres verticales, graphiques, dynamiques et changeantes sur les façades. Les salles ont de belles vues cadrées sur le paysage. Le pliage des capotages métalliques des fenêtres les oriente encore un peu plus vers des perspectives biaises et des échappées surprenantes. Elles s’ouvrent sur des terrasses périphériques qui devraient être utilisées par les musiciens quand le temps le permet. Au sud, une grande terrasse surplombe et accompagne l’entrée de l’équipement.

Détail : un isolant biosourcé pour les isolations intérieures

Les doublages intérieurs sont réalisés avec l’isolant Métisse®, premier isolant biosourcé de fabrication française et adossé à une filière complète de recyclage textile : le Relais. Très présent dans nos villes, le Relais offre à tout un chacun la possibilité d’offrir une deuxième vie aux vêtements dont il ne veut plus. L’isolant Métisse® réutilise des textiles en coton collectés par le Relais et voués à l’incinération. Il recycle une matière première de qualité, le coton, connu pour ses propriétés isolantes thermiquement et acoustiquement. L’agence Tectoniques valorise ce produit recyclé sur plusieurs projets actuellement.

Maîtrise d’ouvrage : Mairie de Charbonnières-les-Bains

Architecte mandataire : Tectoniques architectes
OPC : Bâti coordination
Gros-oeuvre, fluides et économie de la construction : Tectoniques Ingénieurs
Structures bois : Arborescence
HQE : eEgenie
Acoustique : Dbvib
Paysagiste : Regeneration
Contrôleur technique : Bureau Veritas
SPS : Dekra industrial

Total SDP : 1 150 m2
Coût travaux : 2,5 M€ HT
Photographe : Renaud Araud (photos libres de droits)

Entreprises :

Espaces verts : Espaces verts mont d’or
Fondations spéciales : Elts
Charpente Structure : Bertrand Duron
Bois – couverture – bardage : Charroin toitures
Etanchéité : Dazy
Menuiseries extérieures alu – serrurerie : B’alu
Menuiseries intérieures : Thalmann
Platrerie – peinture : Lardy
Chapes carrelage – faiences : Fontaine
Parquets bois : Parquet sols
Chauffage ventilation – plomberie : Bealem
Sondes géothermiques : Forage Clément Gourbiere
Electricité cfo & cfa : Bertholon
Ascenseurs : Schindler
Désamiantage : Im3d
Déconstruction : Millot 

Matériels et dispositifs :

– Le système pour la production de chauffage est une pompe à chaleur gaz à absorption sur sondes géothermiques (3 sondes de 126 mètres chacune), couplée à une chaudière gaz condensation à haut rendement, solution limitant les coûts d’entretien.  

– Une émission de chaleur basse température à très haut rendement : planchers chauffants  / rafraichissants généralisés dans toutes les pièces. 

– Fourniture et mise au point du béton matricé par Lafarge

– Murs et toiture à ossature bois contreventé par plaques en fibres-gypse Fermacell 

– Panneaux d’isolant des MOB et de la toiture en fibres de bois Pavatex et panneaux d’isolant thermique à base d’ouate de cellulose Univercell 

– Bardage métallique nervuré et perforé gamme trapéza chez Arval

– Menuiseries extérieures aluminium anodisé chez Kwaneer

– Brise-soleil orientables aluminium Schenker storen

– Platelages extérieurs bois de Moso en bamboo x-treme

– Panneaux d’isolant des doublages intérieurs avec l’isolant textile Métisse® 

– Menuiseries intérieures et châssis sur mesure en hêtre français par menuiserie Thalmann

– Parquet massif sur chant en chêne français

– Chauffage sol et rafraîchissant de Rehau utilisé sous parquet

– PAC à absorption gaz réversible France air

– Centrale double flux à échangeur rotatif haut rendement de VIM sondes géothermie par forage sur site

– Eclairage Erco et Sylvanyia

– Sanitaires duravit et hansgrohe

– Dalles parking enherbés pavés Herbadrain

– Mobilier urbain Ghm 

– Range velos Escofet