L’Hostel est construit en extension d’un ouvrage existant avec une solution constructive en panneaux de bois massif CLT (Cross Laminated Timber).

The People Hostel est un concept de « One Stop Hostel » qui propose l’accessibilité d’une auberge de jeunesse, la convivialité d’une maison d’hôte, le style et le confort d’un « boutique hôtel », à prix très abordables. L’établissement, qui dispose de 362 lits, est financé par La Foncière Hôtelière des Alpes (Groupe CDC), réalisé par Adim – Vinci Construction France, et exploité par France Hostels.

Les auberges de jeunesse ont le vent en poupe et connaissent un véritable renouveau. Accessibilité, convivialité, style et confort sont les maîtres mots d’une offre modernisée et élargie d’hébergements, de services et d’espaces de détente. Loin de leur image austère et inconfortable des années 70, elles se placent dorénavant dans le périmètre de l’hôtellerie avec une cible de clientèle plus jeune et plus dynamique que celle des hôtels traditionnels.

Une nouvelle histoire

L’ancien centre UCPA, bâti en 1962 par L.H Laye, présente un projet fonctionnel, représentatif de son époque, couronné d’une toiture papillon. L’obsolescence technique et thermique de l’édifice se double d’une implantation défavorable. Ancré au fond de sa parcelle, il n’entretient aucune relation avec l’espace public au nord, sur l’entrée de ville, malgré la visibilité de sa façade. L’objectif est de transformer radicalement l’architecture et l’image du bâtiment et d’adopter une écriture homogène pour le nouvel ensemble (neuf et existant). Le programme se développe sur une offre complète d’hébergements avec des dortoirs de quatre, six ou huit places et des chambres doubles. La répartition se fait équitablement avec 43 dortoirs et 45 chambres doubles. Les espaces de services incluent le stockage du matériel de ski, la cuisine, les lieux de détente et de restauration.
L’organisation en équerre permet une partition claire du programme. Dortoirs et lieux communs prennent place dans le bâtiment existant réhabilité et surélevé, alors que les chambres doubles sont installées dans la partie neuve. Les services sont logés dans le rez-de-chaussée existant, en forme de galette. Entre les deux, s’érige une colonne de distribution verticale, répondant aux exigences règlementaires de confort et de sécurité.

Une architecture de montagne

Le projet concerne la rénovation d’un bâtiment existant, sa surélévation et la construction d’une partie neuve. Les architectes proposent, pour l’ensemble, une écriture contemporaine qui reste fidèle aux grands archétypes de l’architecture montagnarde.

Il s’agit d’abord de créer une silhouette particulière, obtenue grâce à un jeu de toitures complexes et fragmentées qui déconstruisent la masse générale et forment un paysage de petits toits juxtaposés, à l’image des toits enchevêtrés, caractéristiques des villages en altitude, où l’on se protège en se rapprochant.

Un travail s’est aussi engagé sur la matérialité des façades à partir du triptyque pierres – bois – tôlesqui caractérise les constructions traditionnelles. Dans certains territoires des Alpes, les lauzes remplacent les tôles en toiture mais ce n’est pas le cas dans la vallée de la Romanche, en particulier dans les anciens villages de la station (Mont de Lans et Venosc).

La pierre, utilisée sous la forme d’un parement à joints retroussés, marque le socle du bâtiment existant avec une présence noble.

Enfin, une modénature singulière de façade a été retrouvée à partir des palines et motifs en bois ouvragé.Ils appartiennent à une longue tradition alpine qui a subsisté dans les constructions contemporaines, avec plus ou moins d’élégance, mais avec une belle persistance.

Le dispositif choisi pour le People Hostel est composé à partir de carrelets de mélèze de petite section (4 centimètres au carré) simplement juxtaposés avec un écartement variable (1 écart simple ou double) pour produire un dessin sur l’ensemble des façades principales. 

Ce dessin reste abstrait mais introduit un motif circulaire dans une composition générale plutôt anguleuse. Le caractère décoratif de cette dentelle en bois est assumé et enrichi par le jeu d’ombres dynamiques qu’il produit et transforme les façades au gré des lumières du jour et de la nuit. Cet effet est accentué par les balcons, systématiquement disposés devant les chambres, donnent de la profondeur et de l’épaisseur à l’ensemble de la façade.

Deux traitements de bois différents accentuent cette perception. Les carrelets au premier jour sont conditionnés avec un saturateur de gris pour obtenir une teinte uniforme et une meilleure pérennité. Les bois intérieurs, protégés des intempéries, sont recouverts d’une lasure blonde.

Une certaine finesse

L’absence de débords de toitures génère une volumétrie avec des arrêtes plus marquées et gomme les effets d’ombre portée des avant-toits sur les façades. La forme architecturale est aussi plus franche et plus contemporaine et l’épaisseur des complexes de toitures n’est pas directement renvoyée sur la façade, puisqu’elle reste masquée. 

Il faut rappeler que l’altitude exige un complexe de toiture-montagne traité en deux couches distinctes et donc très épais :le porte neige l’étanchéité et une ventilation entre les deux. Les surcharges climatiques nous imposent en plus de lourds ouvrages de charpente pour porter les débords éventuels.

Les toitures et les pignons sont en bardage aluminium gris foncé posé à joints debouts. Ce mode de pose « sur mesure » permet de régler avec cohérence le positionnement de tous les détails de façade : carrelets, festons des tabliers de balcons, garde-corps, embrasures et tablettes de fenêtres.

Il s’apparente à la pose du zinc à joints debouts, produit une image très semblable mais avec une meilleure adaptation aux conditions climatiques de l’altitude.

Cette mise en œuvre propose une variante qualitative et à peine plus couteuse que les classiques bacs aciers qui couvrent la plus grande partie des toits de nos stations.

Le bac acier ne pose pas, en soi, un problème architectonique mais les accessoires de jonctions, faitages, abergements, qui l’accompagnent sont épais et peu élégants, au contraire du procédé choisi qui assure une grande finesse des ouvrages de finitions.

Un mode constructif inédit dans les Alpes Françaises

L’approche constructive est inédite pour ce type de programme. Contrairement aux apparences, qui présentent beaucoup de bois en façade, toutes les constructions des stations françaises sont réalisées en béton. À part quelques rares chalets, aucune résidence de tourisme ou hôtel n’est construit en bois. C’est un vrai paradoxe puisque le bois des Alpes (qui fait dorénavant l’objet d’une certification) est une des grandes ressources forestières françaises et que l’association montagne / boisparait naturelle.

Les constructions en montagne sont restées l’œuvre des maçons, en tous cas du côté français, puisque le Tyrol ou le Vorarlberg nous montrent un autre chemin. C’est dans le sillage de ces expériences autrichiennes que s’inscrivent les architectes et les ingénieurs du groupe Tectoniques.

Les panneaux de bois massif CLT, utilisés pour la structure du People Hostel, sont d’ailleurs à l’origine une spécialité autrichienne, qui se déploie aujourd’hui en France, notamment à partir de l’initiative de la société Woodeum, à l’origine de cette opération.

Le CLT est utilisé pour tous les planchers, murs et refends de la partie neuve. Pour la surélévation, les refends sont traités en CLT mais les murs extérieurs sont traités, pour des raisons des questions de surcharges sur les ouvrages existants, en charpente bois traditionnelle (type MOB murs à ossature bois)

Un complexe spécifique est réalisé sur les planchers CLT pour gérer les  exigences

acoustiques. Il est constitué, en partant du dessous d’un CLT 200 mm avec face inférieure vue + nid d’abeille rempli de sable + isolant laine de roche rigide + chape béton + finition moquette. Après une première période d’exploitation, cet assemblage s’avère parfaitement efficace et compense largement les faiblesses naturelles du plancher bois en matière d’acoustique.

Matériaux bruts et réseaux apparents

À l’intérieur, la volonté des architectes est de laisser voir et comprendre les matériaux de construction et valoriser leurs qualités intrinsèques. Le béton du noyau central (gaines d’escaliers et ascenseurs) est conservé brut de peinture. Les panneaux de CLT sont en face vue, en plafond des chambres et sur les parois verticales des circulations. Dans le même esprit, une partie des réseaux de ventilation et de distribution électrique restent apparents.

Le paysage intérieur s’affiche clairement en décalage des habitudes décoratives de l’hôtellerie de montagne, qui n’a de cesse que de masquer et d’habiller les intérieurs, souvent en faux vieux bois et de charger les ambiances en signes et symboles montagnards.