Projets

Maison de l’environnement

Drocourt / Nord
Lauréat du Prix National Observer 2017 / Observatoire des énergies renouvelables

Un territoire de bravoure

Après un appel à idées, adressé aux riverains, la Maison de l’Environnement et du Développement Durable de la Communauté d’Agglomération d’Hénin-Carvin adopte le nom d’Aquaterra. L’équipement est au cœur d’un grand parc implanté sur le site de l’ancienne cokerie de Drocourt. Créée en 1925, elle fut l’une des plus grande usine de production de coke d’Europe. Suite aux évolutions industrielles du charbon et de l’acier à la fin du 20éme siècle, l’usine ferme définitivement en 2002. L’ensemble des aménagements a été rapidement démoli pour ne garder qu’une grande plateforme et des terrils. Le sol, marqué et pollué, et les terrils, montagnes et collines formées de masses inertes mais emblématiques dans ce plat pays, constituent les seuls reliefs visibles au lointain.

Aujourd’hui, architectes et paysagistes ont un devoir de mémoire et de restitution, sans accroches physiques avec les anciennes activités. Pour échapper à la muséification, ce territoire doit retrouver une nouvelle vocation. C’est l’écologie qui est convoquée pour réconcilier les habitants avec un lieu tombé en désamour. Bâtiment-outil, Aquaterra a la vocation de sensibiliser ses visiteurs aux questions environnementales. Les architectes l’ont conçu comme un projet démonstratif, une expérimentation à l’échelle un. Labélisé Minergie®, il rassemble, derrière son originale peau de briques de bois et sa forme de lentille, tous les dispositifs énergétiques garants de bonnes pratiques et de confort.

Des îles et des plans d’eau, au pied des terrils

Aquaterra s’inscrit dans le cadre d’un projet de parc beaucoup plus large : le Parc des Iles, réalisé par l’agence de paysage Ilex. Ils proposent sur les 45 hectares, un jeu d’îles et de plans d’eau, reliés par les axes forts qui structurent le territoire. Créant une nature ludique et ésotérique, décalée de l’imaginaire et des usages, le parc renverse la représentation d’un site très négativement marqué.

Aquaterra symbolise la deuxième phase de cette métamorphose nommée l’Orée du Parc, qui englobe le bâtiment et son accompagnement paysager. Sa situation est stratégique et l’édifice assume une position charnière dans l’espace et dans le temps de l’aménagement. Sa forme de lentille s’accorde au dessin de l’ensemble.

Au nord ouest du Parc des Iles, elle est au cœur de différents projets en cours d’urbanisme, de voierie et de paysage. « Urbanité », le projet Europan, jouxte les quartiers de petites maisons en grappe dont la typologie minière est caractéristique. « Connexions », la requalification de la voie d’accès nord/sud forme une liaison indispensable. Enfin, le projet de paysage de l’Orée du parc s’ajoute à la végétalisation des terrils.

Le bâtiment est le point d’ancrage de la relation de l’homme avec la nature, entre histoire industrielle et avenir, entre ville et paysage.

Bâtiment outil

Aquaterra est un outil de pédagogie et de sensibilisation des publics locaux, en particulier les scolaires, sur toutes les questions environnementales et la vulgarisation des comportements : tri des déchets, habitat durable, énergie grise. Un volet très important est consacré au dérèglement climatique avec comme illustration spectaculaire la floraison de graines et d’essences exotiques accélérée par les sols chauds des terrils. Le contraste entre terres noires et plantes exotiques crée une scénographie extraordinaire en plus d’une action naturelle de dépollution.

S’inspirer d’un nouveau paysage

Fidèle à une conviction de l’agence Tectoniques, selon laquelle l’architecture doit suivre le paysage autant que le paysage accompagne le bâtiment, le projet s’inspire du langage des îles et des plans d’eau. Par son dessin de lentille sur un plateau paysager, elle s’inscrit naturellement dans la géométrie du site, dont elle forme une île à part entière.

La forme ovale est universelle, organique et généreuse. Elle rayonne sur toutes ses faces et offre une grande porosité entre l’intérieur et l’extérieur. En effet, tous les espaces s’ouvrent sur une façade panoramique et circulaire. À l’intérieur, cette figure simple permet une organisation spatiale très lisible, compacte et économe. Elle est accentuée par un profil de toiture en aile de papillon, dont la couleur sombre rappelle celle des terrils.

Bâtiment vigie, c’est un objet solitaire qui a peu de chance d’être accompagné ou rattrapé par l’urbanisation. Il doit donc agir seul, à l’échelle du grand territoire qui l’entoure. Le choix de la forme ovale permet d’afficher une façade continue et sans hiérarchie sur les orientations. Tous les points de vues restituent la même image architecturale. Inversement, depuis le bâtiment, les perspectives sur le site se complètent, proches et lointaines, et dans toutes les directions. Cette capacité d’aimantation et de concentration du territoire vers un point unique est l’objectif premier du projet et de sa forme architecturale.

Le programme se sépare en deux hémisphères : au sud, les espaces destinés à l’accueil du public, au nord, le « back office » de l’équipement et les locaux techniques d’entretien du parc. Au sud, des espaces d’expositions permanentes et temporaires communiquent avec une serre qui abrite un certain nombre de dispositifs environnementaux : mur végétal, citernes de récupération d’eaux pluviales, chaudière à granulats, centrale photovoltaïque avec interface pédagogique.

Des choix constructifs qui font appel à la mémoire industrielle du site et valorisent les matériaux bio-sourcés

Du point de vue constructif, le bâtiment reste fidèle aux préceptes habituels de Tectoniques. Il est conçu entièrement en filière sèche, collaborative mixte bois-métal, et s’inspire d’éléments existants sur le site : les grands portiques déployés sur de longues lignes qui formaient la structure du paysage industriel. Inspiré par cette disposition, le projet est bâti à partir de trois lignes de portiques métalliques constitués de profils industriels standards.

La structure secondaire est formée par des caissons bois, garnis et isolés en bottes de paille, pour les façades et la toiture. La volonté d’utiliser des matériaux bio-sourcés a conduit logiquement à privilégier majoritairement le bois (pour la structure, les finitions intérieures et les habillages de façades), associé à un isolant d’origine végétale, l’ensemble produit en circuit court.

La forme ovale a été réalisée sans éléments courbes, trop coûteux, mais avec une succession de petits éléments plats réglés sur des trames de faibles dimensions, créant les facettes de cette ellipse. L’habillage des façades est réalisé avec un matériau inédit qui renvoie à la mémoire collective : la brique de bois. Le bois est utilisé comme composant massif, c’est un douglas rétifié et stabilisé. Les briques sont fixées sur une armature de tiges métalliques. Il se produit alors une double lecture, de loin c’est un mur de briques, de près, c’est une peau légère et changeante comme un rideau.

Label Minergie®

Le bâtiment qui accueille la maison de l’environnement se doit d’être exemplaire du point de vue de son empreinte écologique. En premier lieu, les architectes ont fait le choix d’une écriture architecturale respectueuse d’une éthique constructive et considèrent la conception bioclimatique à l’origine du projet. D’autre part, l’utilisation des énergies renouvelables, le soleil et le vent, est privilégiée pour produire de l’énergie.

Le bâtiment est compact et bien isolé. Il profite des bonnes orientations sud, tout en étant protégé par une casquette dont les débords variables assurent protection solaire et abri des façades. La lumière naturelle est distribuée dans toute son épaisseur grâce aux sheds de toiture, qui sont utilisés également pour la ventilation et le renouvellement d’air. Le toit, considéré comme une cinquième façade pédagogique est plantée d’une végétalisation extensive et supporte des panneaux photovoltaïques. L’eau de pluie est récupérée dans des citernes qui servent à l’arrosage des serres et aux cuves des toilettes. Les conditions hygrométriques et thermiques sont contrôlées dans tous les espaces et la qualité de l’air intérieur maîtrisée grâce à une centrale de ventilation double flux. Une chaudière bois à granulats assure le confort d’hiver.
Deux éoliennes viendront compléter les dispositifs photovoltaïques pour la production d’énergie. Le site est en effet particulièrement venteux, et constitue un spot réputé pour les cerfs-volants.

Lauréat du Prix National Observer 2017 / Observatoire des énergies renouvelables

Maison de l’Environnement et du Développement Durable de la Communauté d’Agglomération d’Hénin-Carvin / Aquaterra

Maître d’ouvrage / Client : Communauté d’Agglomération Hénin Carvin – CAHC 

Coût travaux / Budget : 4 M.€HT

Architectes et économistes / Architects & Construction Economists : Tectoniques
Paysagistes / Landscaping : Ilex [paysage urbanisme] 

Ingénieurs / Engineers :
Structure bois / Wood structures: Arborescence
Ingénierie fluides et HQE / Fluides and Environment: Indiggo
Ingénierie VRD / Roads, utilities & external works:: Maning
BE Contrôle / Design office (quality control): Veritas
OPC / Site supervision & coordination: Egis Bâtiment Management
SPS / Health and safety: Dekra 

Photographe / Photograph : Julien Lanno 
Traduction / Translator : Peter MC Cavanna 

 

Approche environnementale

Label Minergie / Prestaterre
Production éolienne et photovoltaique
Chaufferie bois
Isolation blocs de paille
Réutilisation eaux pluviales
ventilation naturelle

Principales entreprises

Gros œuvre / Balestra
Charpente façades étanchéité / Fargeot avec Bridault et Billet
Menuiserie extérieures / Constru
Menuiseries et finitions intérieures / Descamps (Coexia)
CVC / MGC
Electricité / DH Electricité
VRD / Screg Colas
Installation photovoltaïque / Forclum (Eiffage)

Principaux produits et dispositifs 

Gestion technique centralisée Delta Dore
Production photovoltaïque : 25 kwc / 235 m2
Production éolienne (en cours d’installation)
Chaudière bois à granulats 30 KW
Etanchéité à l’air 0,6 vol/h (n50) soit 0,25 m3/h/m²
Centrale de ventilation double flux avec rejet dans la serre pour récupération de chaleur
Façades et toitures en caissons préfabriqués bois isolés en paille (R>6 m².K/W) / Caissons de 36 cm d’épaisseur par 135 cm de long pour loger 3 bottes
Isolant extérieur en fibre de bois PAVATEX
Finitions intérieures en trois plis épicéa
Parement de façade en briques de bois massif pin rétifié
Luminaires étanches Tubulaires Seclad sur détection de luminosité
Sols linoléum Forbo marmoléum
Cuves de récupération des eaux pluviales 2 citernes 3000 litres
Membranes adhésives DOERKEN Delta Reflex et SIGA Fentrim