Longtemps tombées dans l’oubli, les halles communales font depuis peu l’objet d’une attention particulière et d’une commande fréquente. Comme le signe d’une époque, elles incarnent sûrement le besoin de trouver, en ville, des espaces de partage et de rassemblement pour les habitants d’un territoire.

En termes de programme, l’ancienne halle de marché s’est transformée en espace polyvalent et flexible, capable d’accueillir des activités culturelles, sportives, sociales, commerciales, politiques ou autres.

À Marcy-l’Etoile, dans l’ouest lyonnais, la construction d’une nouvelle halle accompagne la requalification des espaces publics du cœur de ville, la place Fleury Lancelin, portée par l’agence Urban Studio. Construite “de bois, de métal et de vide“, comme aiment le préciser les architectes, elle fédère et structure la place centrale grâce à sa présence forte et douce et lui donne une nouvelle identité.

Ordonner l’espace physiquement et symboliquement

Le centre ville de Marcy-l’Etoile présente un territoire encore flottant, ponctué de bâtiments éclectiques aux architectures disparates. Les principaux équipements communaux se mêlent à des petites maisons individuelles et à d’anciennes fermes rurales. Le duo église-mairie en forme un des points d’ancrage, alors que la salle des fêtes et le pôle petite enfance avec crèche et école bordent sa face ouest. Ils forment le fond de scène de la place. En face, le square Weissach offre une opportunité paysagère intéressante et une synergie d’activités possible.

Dans ce contexte, la halle joue un rôle central pour ordonner et stabiliser les rapports entre les forces en présence et donner l’image représentative d’un cœur de ville, un repère. Elle forme un toit qui occupe le lieu dans une grande convivialité, une place couverte qui réorganise l’espace en jouant un rôle de médiateur entre les différents équipements. 

Une forme simple 

La halle est construite sur la base d’un carré de 21 m par 21 m. Le choix de la forme carrée efface les sens et les polarités. Elle devient, en termes d’orientation, universelle, ce qui lui offre une flexibilité optimale pour toutes utilisations. 

L’utilisation de matériaux peu transformés et majoritairement issus de la filière bois locale renvoie à l’image mentale de la halle médiévale. Une spectaculaire charpente, entièrement visible qualifie tout le projet et apporte complexité et mystère à cette forme simple. Ce « nid » de bois clair transmet l’ambiance sereine d’un lieu apaisé en pleine ville, extrêmement confortable sur les plans thermiques et acoustiques. L’ensemble repose sur de fins poteaux métalliques noirs périphériques qui libèrent le plan de toute contrainte et rend possible divers aménagements. La charpente est couverte d’une toiture à quatre pans, figure du carré en volume, aux arrêtes fines, visible de ses voisins. Un bardage de bois sombre, en pin, rappelle les bancs installés sur la place réaménagée. Leur léger débord forme des langues qui accentuent l’impression de protection du volume couvert.

Une verrière, au centre, assure un éclairage zénithal et un apport de lumière naturelle, complétés par des projecteurs installés sur les poteaux et en sous-face.

Avec une structure complexe

La charpente est formée par un tissage de poutres en bois laméllé-collé (BLC), avec de grands rayons de cintrage de façon à rester largement ouvertes. Chaque poutre est composée de 5 lames de 60 mm x 150 mm. Elles sont reliées entre elles par une suspente en tige filetée et assemblées par vissage avec des entretoises en métal. Les poutres portent de manière équivalente dans les deux sens. L’ensemble repose sur une poutre de rive moisant des poteaux métalliques noirs de section carrée. 

En plus de leur rôle structurel, ces poteaux intègrent des éléments techniques comme les descentes d’eau pluviales, l’alimentation électrique des éclairages et les commandes de motorisation de stores textiles présents sur trois faces. La halle peut ainsi être protégée des vents, des apports solaires ou des écarts thermiques, tout en gardant ses vues sur l’extérieur.

D’un point de vue constructif, la charpente a été réalisée au sol puis montée d’un bloc par grues de levage et posée sur les poteaux.